Ne soyons pas complices : Gaza, féminisme et lutte contre l’oppression

Alors qu’Israël bombarde Gaza depuis plus de deux mois, les mobilisations en soutien au peuple palestinien se multiplient à travers le Canada. De nombreuses voix féministes et queers se font entendre.
Sur les réseaux sociaux, à la télévision et dans les journaux : des images de bébés morts et des corps empilés, des fake news, des stratégies médiatiques parfaitement huilées. La terreur envoyée directement dans nos rétines, qui nous empêche de réfléchir, de réagir.
L’ignorance, face à la complexité d’un conflit qui s’étale depuis 75 ans, qui nous empêche de prendre position. Par peur de mal dire, de mal faire, de mal comprendre. L’envie de laisser ça aux autres, à ceux et celles qui connaissent les enjeux, qui les maitrisent.
Mais nous ne pouvons rester sans rien dire, sans rien faire. Nous ne pouvons être complices.
Le 7 octobre dernier, Israël sombrait dans l’horreur. En l’espace de quelques heures, 1200 civils sont massacrés par le Hamas, aidé par d’autres groupes, dans les kibboutz frontaliers de Gaza.
Les représailles ne se font pas attendre : le gouvernement israélien lance une vaste offensive militaire sur l’enclave palestinienne.
Deux mois plus tard, les bombes continuent de pleuvoir. Près de 18 000 Gazaouis ont été tués depuis le début des hostilités, dont plus de 5 000 enfants. On estime à 50 000 le nombre de personnes blessées, et plus de 3 000 personnes sont portées disparues, probablement ensevelies sous les décombres.
Plus de la moitié de la population vit actuellement dans des tentes et autres abris de fortune.
Les tirs ciblent également les hôpitaux et les infrastructures vitales, tels que les routes, les réservoirs d’eau et les moyens de transport, ce qui a pour conséquences de priver la population de ses droits les plus élémentaires.
N’ayons pas peur des mots
Bien entendu, l’attaque du Hamas est impardonnable. Les crimes contre l’humanité perpétrés le 7 octobre, et notamment les violences sexuelles commises sur des femmes israéliennes, doivent être sanctionnés. Le recours au viol comme arme de guerre est une ignominie sans nom.
Mais nous assistons aujourd’hui à l’extermination pure et simple du peuple palestinien par les forces israéliennes. À ce qu’il nous faut nommer un génocide.
Nous pouvons à la fois condamner fermement les actes du 7 octobre et soutenir le peuple palestinien. Les deux positions ne sont pas antagonistes.
Bien au contraire, il est de notre devoir de rappeler que ces combats sont intrinsèquement liés : la libération des femmes et des minorités est indissociable de la libération des peuples opprimés. Nous ne pouvons nous libérer du patriarcat sans renverser les systèmes coloniaux, capitalistes et suprématistes blancs du monde entier.
Voilà plus de sept décennies que la population palestinienne endure et résiste avec une détermination sans faille à l’occupation de ses terres et à la violation constante de ses droits fondamentaux.
Ces violations comprennent des déplacements forcés, des arrestations arbitraires, des restrictions sévères à la liberté de mouvement et un accès limité à l’eau potable et aux soins de santé.
Tout cela sous le regard complice de la communauté internationale.
Ne restons pas les bras croisés
Les décennies de tensions, de guerres, d’occupation et de revendications territoriales ont créé un cycle de violence difficile à rompre et ont mené aux conditions idéales du drame qui se joue sous nos yeux. Nous ne pouvons plus aujourd’hui détourner le regard.
Nous devons exiger un cessez-le-feu absolu et la libération des otages israéliens et palestiniens.
Nous devons nous mobiliser et intervenir de toutes les manières dont nous en avons le pouvoir collectif, que ce soit par le boycottage des entreprises qui soutiennent Israël ou en tenant les personnes que nous portons au pouvoir responsables de leur absence de réaction.
Partout dans les rues, les mobilisations se multiplient. Rejoignons-les. Unissons nos voix.
«Je ne suis pas libre tant que n’importe quelle autre femme est privée de sa liberté, même si ses chaines sont très différentes des miennes», écrit la poétesse et militante féministe américaine Audre Lorde.
Nous ne serons jamais libres tant que la Palestine ne le sera pas. Agissons, maintenant.